Mercredi 1er
janvier 2014.
Un cyclone
est en approche. Il arrivera d’ici 24 heures environ. Il s’agit d’être prêt.
But des
opérations : tout fermer le plus hermétiquement possible - la maison
principale, le gîte, et le hangar, où dorment les wwoofers. Bien sûr, personne
ne reste en tente. Beaucoup trop dangereux !
Nous passons
la journée à clouer, renforcer, mettre des planches. Bien sûr aussi à mettre à
l’abri tous les animaux, les plantes, nous !
Nous chargeons
nos portables à fond, vérifions les piles des lampes frontales et autres lampes
de poche, et surtout faisons des réserves d’eau potable (l’eau est toujours
coupée plusieurs jours après un cyclone, et reste de toutes façons imbuvable
pendant quelques temps, trop chargée en boues, métaux lourds etc) et de
nourriture. Impossible de savoir quand nous pourrons redescendre en ville,
quand reviendra l’électricité, l’eau…
Nous mettons
donc toutes nos affaires dans le hangar, plein d’eau et de nourriture. Mais ça
nous inquiète (et quand je dis nous,
c’est l’ensemble des wwoofers) : il n’est pas à côté de la maison, il y a
une ravine à traverser, qui risque d’être impraticable dès le début de la
pluie, il est en tôles, sans ouverture, sans lumière, sans toilette ! De
plus, nous revenons à notre instinct primaire, le grégarisme, et avons envie
d’être tous ensemble dans la maison.
Autre sujet
d’inquiétude : la voiture que nous avons louée. Nous n’avons aucune envie
de l’avoir avec nous pendant le cyclone !! En plus nous sommes censés la
rendre vendredi matin, ce qui s’avèrera très probablement impossible. Pas envie
qu’elle soit abîmée, pas envie de payer des jours en plus. Et le gars, que nous
avons appelé ce matin malgré le jour férié, n’a pas l’air très compréhensif… Malgré
tout, nous le rappelons en fin d’après-midi et là, il semble beaucoup plus paniqué
par le cyclone. Il est justement au garage en train de faire les préparatifs.
Il accepte que nous lui ramenions la voiture ! Ouf !
Encore une
fois merci François et Ingrid, qui nous remontent ensuite chez Catherine !
Puis c’est
l’attente. Le temps est très inquiétant. Pour la première fois depuis que nous
sommes à la Réunion, il n’y a pas un brin de vent. Il règne un calme
incroyable. On n’entend plus rien, même pas les oiseaux. L’expression « le
calme avant la tempête » prend tout son sens.
Nous
écoutons la radio et guettons l’approche du cyclone. Les gens sont très
inquiets, le cyclone va passer presque sur la réunion et promet d’être
particulièrement violent.
Nous allons
dormir au hangar. La pluie débute dans la nuit.
Jeudi matin,
le cyclone n’est pas encore là mais l’alerte rouge (interdiction de sortir) est
mise en place vers 10h. Nous rejoignons la maison. Nous sommes là, tous les 10.
Le cyclone
arrive vers la mi-journée. Le vent est incroyablement fort, la pluie torrentielle.
Nous observons les dégâts de la salle de méditation, par les grandes baies
vitrées. Wahou ! Nous ne voyons pas très loin car nous sommes dans les
nuages, mais on peut quand même apercevoir les arbres ballottés comme des brins
d’herbes et les tôles du hangar du voisin qui commencent à se défaire.
L’eau et
l’électricité se coupent l’une après l’autre. Nous espérons que la maison
tienne le coup. Nous captons encore parfois la radio : certains n’ont déjà
plus de toit, nous entendons parler d’inondations sur les côtes, de vent à plus
de 200km/h. Ambiance bizarre. Mais quelque part, nous sommes presque soulagés
qu’il soit enfin là. On peut enfin mettre une image sur ce que c’est. L’attente
était pire.
Dans l’après-midi,
les multitudes de petites fuites d’eau rende la maison de plus en plus humide. Dans
la soirée, par deux fois l’eau s’infiltre fortement dans la salle à manger.
Catherine doit à chaque fois sortir déboucher l’évacuation d’eau responsable et
nous écopons une dizaine de litres d’eau. Vers 19h, à la tombée de la nuit, une
accalmie nous permet de sortir voir les premiers dégâts. Déjà plein d’arbres et
de bananiers sont par terre. Ingrid et François font face à plusieurs fuites du
toit et des murs dans le gîte. Ils ont dû changer de chambre et déplacer
plusieurs matelas pour éviter qu’ils ne se mouillent trop. Puis on s’aperçoit qu’une
porte du hangar s’est ouverte et que la bâche est en train de sortir dehors.
Une expédition nous permet de la refermer mais le matelas d’Edouard est
complètement trempé. Ici aussi l’eau s’est infiltrée à de nombreux endroits et
notre matelas comme celui de Marie et Jérémy sont trempés. Seuls deux matelas
sont à peu près secs. Heureusement, nous avions emporté nos duvets chez
Catherine.
La nuit
tombe et nous pensons alors que tout devrait se calmer progressivement dans la nuit.
Edouard et Sophie trouve le courage d’aller redormir dans le hangar. Marie,
Jérémy et nous deux décidons de rester dans la maison. Nous nous couchons dans
le gîte dans nos duvets. Dans la nuit, le cyclone repart de plus belle et nous
sommes réveillés par de très grosses bourrasques de vent. Pas de quoi nous empêcher
de nous rendormir quand même.
Au petit
matin, il pleut encore beaucoup mais le vent s’est beaucoup calmé. On apprend que
l’alerte rouge est levée. Le jardin est dévasté, plein d’arbres sont à terre. D’autres
n’ont plus de feuilles. Un tapis de débris végétaux recouvre le sol. Le vent a
tellement rabattu la végétation qu’on peut voir bien plus loin qu’avant.
Dans la journée,
un groupe part à La Chaloupe puis à Saint Leu pour voir s’il n’y a pas trop de
dégâts et refaire le plein de vivres et d’eau potable. Un autre commence à s’occuper
des arbres et bananiers cassés en plein milieu des chemins. Le bout du parking
devient vite un cimetière à bananier. On a dû en couper une quarantaine. Le
point positif, c’est qu’en les coupant à la base, ils devraient repartir très
rapidement, climat tropical oblige. En quelques heures même, on aperçoit une
nouvelle pousse de 4/5cm au centre du tronc coupé. Par contre, on travaille
encore sous une pluie assez intense par moment et l’humidité commence à devenir
pesante.
Le
surlendemain, enfin le retour du soleil !!! Quel plaisir de sentir sa
douce chaleur !! Nous passons encore toute la journée à effacer les traces
du cyclone en élaguant les arbres tombés, coupant les bananiers, balayant les
débris végétaux et réparant les barrières tombées ou les tuyauteries arrachées.
Le paysage reprend
forme. Nous avons eu de la chance, les dégâts sont mineurs. Par contre, toutes
les bananes, toutes les mangues, tous les avocats, tous les fruits de la passion
sont à terre. On va pouvoir en faire murir une partie mais la récolte est
fichue.
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avant de jeter les bananier on récupère les régimes qui pourront murir plus tard |
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un parmi la dizaine d'arbres qui sont tombés |
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Jérémy en plein bucheronnage |
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Vue la ravine dévastée sous le hangar |
C’est pareil
dans toute l’île : les orgies de fruits sont finies, car les prix vont
monter en flèche ! Bon, on en a bien profité avant…
En conclusion,
une expérience intense, comme beaucoup d’autres que nous avons vécu depuis le début
de ce voyage. Elle restera quand même l’une des plus effrayantes !
Alors, êtes vous de retour?
RépondreSupprimerMerci pour votre carte et BONNE ANNEE 2014 et encore de belles aventures...
Bisous