dimanche 10 novembre 2013

Jennie et Murray : dans une démarche d’auto-suffisance




Eux
Jennie et Murray ont entre 50 et 60 ans je pense, ont 2 garçons qui ont 27 et 25 ans, et qui sont partis de la maison depuis un bon moment déjà. Murray est originaire de Dunedin mais Jennie est australienne. Lui est rédacteur d’une rubrique (« selfsustainable ») dans un magazine écolo mensuel, est très bricoleur et s’occupe de construire des tas de trucs dans la maison. Elle a été professeur des écoles mais travaille actuellement pour le Council (la ville en quelque sorte) : elle est consultante pour des projets écologiques et durables dans les écoles primaires de la région (mieux gérer ses déchets, mettre en place des potagers écolo dans les écoles etc) et gère des ateliers de formation sur les questions écolo toujours (réduire ses déchets, réduire sa consommation d’eau et d’énergie, mieux acheter etc). Ce n’est pas elle qui anime les ateliers mais elle gère l’équipe. Elle travaille à ¾ temps (30h par semaine environ), ce qu’elle trouve encore trop. Elle aimerait avoir plus de temps pour s’occuper de la maison et du jardin. Surtout que comme ils sont dans une démarche d’auto-suffisance, ils ont très peu de dépenses et n’ont pas besoin de gagner beaucoup d’argent. Son salaire est amplement suffisant voire trop important pour leurs besoins. Et ça, c’est vraiment ce vers quoi on aimerait tendre dans le futur : se dégager beaucoup de temps libre pour travailler à la maison, dans le jardin et pour construire des choses, et ne pas avoir à passer tout notre temps à travailler à l’extérieur pour gagner de l’argent. Eux l’ont fait ! C’est possible !

 Murray et François

Je réalise en écrivant ceci que nous rêvons d’un véritable retour à la terre, que l’on peut comparer peut-être à ce que les gens vivaient il y a des dizaines d’années : un petit bout de terre et tu produis ce dont tu as besoin et c’est tout. J’ai l’impression que nous, et nous sommes loin d’être les seuls, sommes dans une démarche de fuite de notre société de consommation. Après on en pense ce qu’on veut mais c’est vraiment notre idéal de vie à tous deux.

Revenons-en à Jennie et Murray. Ce sont aussi de grands voyageurs, et plus précisément de grands navigateurs. Ils sont déjà partis plusieurs fois pendant plusieurs mois en voilier autour du monde. Leur prochain projet est de venir parcourir les rivières et canaux français ! 

La voile est vraiment leur passion et leur passe-temps. Peut-être qu’ils vont nous emmener faire un tour de voilier dans ces 2 semaines ! Et le week-end au milieu des 2 semaines, ils vont partir avec des amis pour 2 ou 3 jours de voile et vont nous laisser la maison et les animaux.

Leur maison
Leur maison a une dizaine d’année. Elle est construite dans une démarche de maison passive et avec les matériaux locaux : en l’occurrence du bois, car leur propriété était à la base une plantation d’épineux pour faire du bois à construire. C’est un terrain qu’ils ont acheté il y a des années avec un couple d’amis dans l’idée d’exploiter le bois. Quand les amis ont laissé tomber l’affaire, Jennie et Murray ont saisi cette opportunité pour réorganiser le terrain et venir construire cette maison. Ils ne pouvaient pas, de toute façon, financièrement parlant, garder leur maison de l’époque et racheter la part de terrain de leurs amis. Ils sont venus s’installer ici, ont vécu un an dans une caravane et différentes petites cabanes dont on vous reparlera et ont tout construit eux-mêmes.

Pour expliquer comment est conçue cette maison, on va laisser parler les photos.

Grande surface vitrée avec une serre au nord (et oui hémisphère sud = soleil au nord). Presque aucune ouverture au sud.
 
La véranda



Un chauffe air solaire (l’air intérieur rentre entre la vitre et le mur en bas et ressort chauffé à l’intérieur en haut)

A l’intérieur
 admirez la balustrade !

 la baignoire. J’adore la poignée en bois.


 magnifique escalier
la cuisinière avec un ancien congelo transformé en frigo
 
le frigo s'ouvre par le haut pour mieux garder le froid

Un poêle/cuisinière en position central avec des briques autour pour créer de l’inertie. Chauffage de l’eau chaude grâce à ce même poêle.

une magnifique étagère
Plein de petites astuces géniales.
Un frigo d’extérieur.
 vu de l’intérieur

vu de l’extérieur


  















une réutilisation de landau en porte légume.

Ce sont les champions du détournement d’usage des objets et ils font ça très intelligemment !

Quelques critiques tout de même : l’isolation est en panneaux de polystyrène en sandwich entre deux taules (pas très écologique). Mais bon à l’époque où ils ont construit leur maison c’était sûrement un des seuls choix qu’ils avaient, et ils ont du faire en fonction de leur budget aussi. Leur maison ne leur a couté que 60 000 dollars NZ soit environ 36 000 euros ! Leur maison fait 130 m2 environ, ils ont également un grand garage et de grands rangements dehors, ainsi que 3 cabanes qui font des chambres supplémentaires.

Deuxième critique : uniquement 10 cm d’isolation, cela me parait un peu faible. Et vu qu’ils consomment environ 10 stères de bois par an je pense que c’est effectivement faible. Mais bon, ils disposent de bois gratuit sur leur propriété et hormis en hiver, ils n’ont que très peu de jours sans soleil. Et vu la surface vitrée au nord, dès qu’il fait un peu de soleil, la température monte très vite dans la maison.
 
On leur a demandé s’ils changeraient des choses s’ils devaient recommencer la construction. La réponse de Jenny a été qu’ils ne construiraient pas de mezzanine. En effet, en hiver dans les jours les plus froids, la chaleur monte en haut alors que leurs pièces à vivre sont en bas. Et de plus, ils trouvent qu’ils ont trop de place, le bas leur suffirait pour vivre.

Leur production d’électricité
La maison a deux circuits électriques. Le premier, le principal, est en 12V. Il alimente tout ce qui est nécessaire au quotidien soit surtout l’éclairage et le frigo. Il est alimenté par deux batteries qui sont elles même chargées par 1m carré de panneaux photovoltaïques et une micro-centrale hydro-électrique (faite maison avec un moteur de machine à lavée et une chute d’eau de 25m). Le deuxième circuit est un circuit 120V qui tourne grâce à un groupe électrogène. Il n’est mis en route que très rarement, surtout pour faire tourner la machine à laver et l’aspirateur (et pour recharger l’ordinateur, les téléphones sont eux rechargés dans la voiture grâce à un adaptateur).

 la micro-centrale hydroélectrique

Le panneau solaire photovoltaïque.


 le générateur
L’eau
Ils ont deux circuits d’eau. L’un pour l’eau potable. En l’occurrence l’eau de pluie, qui est filtrée et stockée dans un tank de 25 mètre cube juste à côté de la maison. Le deuxième circuit est prélevé dans le ruisseau qui passe sur leur propriété. Ils ont la chance (comme beaucoup en Nouvelle Zélande) d’avoir un terrain en pente. Du coup, ils prélèvent l’eau en haut de leur propriété ce qui leur permet d’avoir pas mal de pression dans la maison. Murray a créé un système très ingénieux pour créer une réserve d’eau assez propre à l’endroit où il la prélève (voir la photo). Ensuite d’un côté, l’eau se dirige vers un tank de réserve (25 mètre cube) où elle est filtrée. Si l’été s’annonce chaud il peut relier se dernier à un second container et ainsi augmenter sa réserve et se prémunir d’une sécheresse. De l’autre côté elle se dirige vers sa micro-centrale hydraulique.
Le système de récupération d'eau du ruisseau (avec un bac à douche! bathroom power!!). Le bac permet une retenue d'eau stagnante, l'eau est puisée dans la partie haute du bac pour éviter de prélever trop de boue(qui tombe au fond du bac).

le même mais sans la grille qui permet de filtrer les très gros morceau. Le tuyau à gauche est en fait un gros filtre cylindrique, c'est là qu'est réellement puisée l'eau.

 La réserve d’eau potable (à droite de la maison)
Leur jardin
Evidemment un grand jardin potager. Ils essaient de ne manger que ce qu’ils produisent (bien sûr ce n’est pas complètement possible : ilss achètent quand même les condiments :  café, sucre, farine etc). C’est plutôt rigolo d’ailleurs car la première année qu’ils ont pris des wwoofers, (il y a 2-3 ans), ils n’avaient pas un assez grand jardin pour nourrir tout le monde et ont été obligés de beaucoup acheter ! Mais aujourd’hui le jardin est beaucoup plus grand, ce qui donne du travail aux wwoofers. Et donc : les wwoofers nourrissent les wwoofers !

Astuce particulière : utiliser des baignoires comme bacs de potager, ce n’est pas cher dans les magasins de revente de bric et broc et cela permet de moins se baisser(à l'essai c'est pas vraiment si parfait, mais la piste reste à explorer). Ils ont aussi fait ce choix car au départ le sol de leur potager était très pauvre, donc ils ont commencé par acheter du terreau et autres fertilisants et pour que les nutriments apportés ne fuient avec la pluie, les baignoires étaient une bonne solution.
 

Maintenant, avec les différents apports qu’ils ont faits à leur sol, ils peuvent cultiver en pleine terre. Notamment, ils utilisent un terreau extrèmement riche et d’une excellente qualité grâce à leur 2 fermes de vers : ce sont des vers de terre particuliers que l’on nourrit avec du compost (Jennie leur donne surtout des bananes, du café, du thé, un peu de papier, quelques épluchures) et ils transforment tout ça en terreau ! 




Ils font aussi une grande utilisation de café pour enrichir leurs plantes). La paille est elle utilisée notamment pour conserver la fraicheur. Ils font aussi du compost.
2 serres pour la plantation de tomates et autres plantes qui aiment la chaleur, ainsi que pour faire germer les nouvelles plantes de l’année.

Un Jardin à baie (fraise, framboise, groseille, etc...) protégé des oiseaux par un filet


Petite remarque à tenir compte pour plus tard : ils regrettent de ne pas avoir planté les arbres fruitiers plus tôt. Ils se sont concentrés sur le potager et les poules en premiers. Du coup, ils viennent de les planter mais ils vont maintenant devoir attendre qu’ils arrivent à maturité. 

Eux aussi, comme un peu partout chez les « Kiwis », sont en train de créer une « food forest » (c’est visiblement la mode du moment). Ce n’est que le début, pour l’instant ils ont planté des arbres fruitiers et des arbustes à baies entre.

On mange chez eux les meilleures salades que l’on n’a jamais mangé ! Jennie les fait en associant une variété incroyable de feuilles : typiquement feuilles de moutarde, jeunes feuilles de blettes, feuilles d’oseille, jeunes feuilles de roquette, basilic, persil, pétales de fleur (je ne connais pas le nom de la fleur qu’elle utilise), citronnelle, menthe et j’en passe ! Même pas besoin d’assaisonner la salade. C’est absolument délicieux ! et là encore, ça fait réfléchir : il y a plein de choses que l’on considère comme des déchets (feuilles de moutarde) voire des mauvaises herbes (oseille) qui sont absolument délicieuses ! 


Leurs animaux
Pas beaucoup d’animaux ici. Un chien et un chat pour le plaisir !
Quand même pas mal de poules : pour les œufs et pour la viande. C’est quasiment la seule viande qu’ils mangent du coup. Ils en achètent un peu, rarement, et parfois des amis éleveurs leur donnent des pièces de viande quand ils abattent un animal. Les poules leur servent aussi, ponctuellement, à préparer un sol en vue de futures plantations : elles le grattent, elles mangent les mauvaises herbes et elles le fertilisent.
Et 2 boucs castrés qui sont en charge de l’éradication des ronces dans la forêt. Et ils font plutôt du bon boulot !


Zeb le Chien et Cloudy le Chat

Snowball et Jeth les débroussailleurs


une poule parmi tant d'autres
Et encore quelques autres constructions éco-pratiques:
Un four à pizza/pain en terre crue (en phase de séchage pendant un an)
 Un déshydrateur solaire avec une baignoire (c'est fou ce qu'on peut faire avec des baignoires de récup!!)


Les fruits sont disposés sur cette grille, l'air est chauffé en dessous grâce à la fenêtre et le fond noir.










On pourrait en dire encore beaucoup tellement ils ont d'idées géniales...

2 commentaires:

  1. Salut,
    super les récits !!! On attend avec impatience celui de la Milford !!!
    En tous cas, j'aurai plaisir à les rencontrer lors de leur séjour français. Et ils poussent leur démarche écologique vraiment loin.
    Bises.
    Jean Mi

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  2. Au top du top, ils font vraiment réfléchir. Copier bien sur eux, comme ça on pourra copier sur vous ;) Ade

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